Il a introduit la race charolaise en Suisse
Il y a bientôt trente ans arrivaient les premières vaches charolaises dans notre pays. Aujourd’hui, 850 bêtes sont inscrites au herd-book, grâce à la passion et à la persévérance d’un homme : l’éleveur fribourgeois, désormais retraité, Nicolas Dumas.
A 83 ans, Nicolas Dumas a encore les yeux qui brillent quand il parle de ses vaches charolaises. En 1985, il est le premier éleveur suisse à importer des vaches et taureaux depuis la France sur son exploitation de Chavannes-les-Forts FR.A l’époque, ce sont plutôt l’angus et la blonde d’Aquitaine qui ont les faveurs des éleveurs et des centres d’insémination.
Mais Nicolas Dumas et son frère Bernard se prennent de passion pour cette race bouchère alors déjà bien connue des consommateurs mais encore mal perçue par les paysans. « La proportion de viande sur la carcasse est bien supérieure à celle des autres races », affirme Nicolas Dumas, devant la table à manger où sont étalées trente ans d’archives. La rusticité de la race, son caractère docile, le fait qu’elle valorise parfaitement le fourrage grossier conviennent bien aux éleveurs dans le contexte herbager des exploitations suisses. Elle est faite pour s’adapter à nos régions ! », s’enthousiasme l’éleveur retraité qui n’a rien perdu de sa conviction et de sa passion pour la charolaise.
Importation d’embryons
Nicolas Dumas postule en 1993 au premier agroPrix. Son dossier fait partie des quatre nominés sur la centaine d’agriculteurs candidats, et il remporte alors 5000 francs. « Cette récompense nous a permis d’importer une trentaine d’embryons en 1994 », se souvient avec nostalgie Nicolas Dumas. Petit à petit, l’éleveur fribourgeois devient l’ambassadeur du charolais en Suisse. Plusieurs fois par an, il se rend dans la région Rhône-Alpes, à Montrond-les-Bains (F), pour y acheter de la génétique et la diffuser en Suisse. Profitant de l’excellente réputation auprès du public de la race charolaise, Nicolas Dumas vend pendant plusieurs années ses bêtes directement à des bouchers.
« La fameuse boucherie Lehmann, en plein centreville de Berne,a longtemps travaillé avec nous.»
Nicolas Dumas, aujourd’hui « pseudoretraité » de l’agriculture – il possède une trentaine de ruches –, a transmis son exploitation à l’un de ses fils, qui poursuit l’élevage de vaches mères. L’une des autres satisfactions de l’octogénaire, c’est de voir qu’une quarantaine d’exploitations suisses élèvent à présent des vaches charolaises, et que plus de 850 bêtes sont inscrites au herd-book. « Cependant, la race charolaise est noyée au milieu de 28 autres races à viande au sein de l’Association vache mère suisse, ce n’est pas l’idéal pour faire valoir ses qualités ! », regrette Nicolas Dumas, dont la boîte à idées déborde encore: « J’avais imaginé créer un label ‹ charolais du Pays de Fribourg › », raconte encore l’insatiable éleveur. « Je me suis toujours battu pour prouver que la viande n’était pas un sous-produit du troupeau laitier. Aujourd’hui, les éleveurs de vaches mères sont de véritables professionnels. »
Le projet en bref
Nicolas Dumas importe ses premières vaches charolaises de France en 1985. Petit à petit, il effectue sur son troupeau holstein des croisements d’absorption. Les résultats sont excellents dès la première génération. C’est pour son audace et le succès rencontré que Nicolas Dumas a été récompensé lors de la première édition de l’agroPrix en 1993.